Banlieues : des territoires abandonnés ?
LEMONDE.FR | 04.11.05 | 11h54 . Mis à jour le 07.11.05 | 20h04
L'intégralité du débat avec Eric Macé, chercheur au Centre d'analyse et d'intervention sociologique (EHESS - CNRS) et maître de conférences à l'université Paris-III et à l'IEP de Paris, lundi 7 novembre, à 12 h .
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Eric Macé : La responsabilité est collective depuis vingt ans. Concernant la responsabilité de Nicolas Sarkozy, il faut revenir à la présidentielle d'avril 2002. La droite a gagné la présidentielle de 2002 sur la base d'une campagne électorale ultra-sécuritaire, en discréditant la gauche sur cette question, au point que la gauche elle-même avait adopté ce langage ultra-sécuritaire. Donc, la droite a gagné sur une campagne finalement d'extrême droite, et la mission qui a été confiée à Nicolas Sarkozy par Jacques Chirac était d'incarner cette droite dure afin de satisfaire aux demandes sécuritaires de cet électorat.
Mais ce qui est nouveau, c'est que Nicolas Sarkozy ne s'est pas contenté de jouer le rôle qui lui a été imparti par Jacques Chirac. Il a joué son propre rôle de surenchère au sein du gouvernement sur les questions de sécurité. Et donc le résultat, c'est qu'il en est venu à incarner à lui tout seul la question de sécurité, à incarner à lui tout seul l'ordre de la police, et il se retrouve donc dans un face-à-face direct avec les jeunes, ce qui explique aussi le nouveau rôle joué par les médias. Puisque, dorénavant, chaque voiture qui brûle a un effet direct sur l'autorité gouvernementale, car Nicolas Sarkozy a ruiné l'ensemble des médiations qui permettent de faire tenir des politiques publiques de sécurité.
Sur le terme "racaille", j'ai un peu répondu. La fin du gouvernement Jospin a été une période de durcissement sécuritaire de la gauche, précisément en prévision de l'offensive sécuritaire de la droite. On a aujourd'hui au PS des dirigeants qui tiennent le même type de discours sécuritaire que la droite, qui sont des discours qui finalement empêchent de penser les situations en utilisant des termes qui sont des attrape-sens commun, qui vont dans le sens d'un imaginaire des banlieues comme menace et qui contribuent à dépolitiser la question des inégalités, des exclusions et des discriminations.
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Eric Macé : Dans les banlieues populaires, il y a une intelligence des situations. Pour tout le monde, il est clair qu'en temps ordinaire les violences économiques, sociales, symboliques qui s'exercent sur les habitants des banlieues populaires sont parfaitement invisibles. Et donc il est parfaitement clair pour tous que les émeutes sont l'un des rares moyens qui permettent, par la violence émeutière, de rendre visible cette violence structurelle. C'est comme si l'on reprochait aux émeutiers de la Commune de Paris d'utiliser la violence contre la République bourgeoise alliée aux troupes d'occupation allemandes dans les années 1870-1871, ou comme si l'on reprochait la violence des guerres de décolonisation.
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Pere Steve : Quelle est la part d'explication spatiale dans l'origine de ces phénomènes ? La ghettoïsation des quartiers bâtis durant les "trente glorieuses" paraît évidente, et me semble à l'origine du phénomène identitaire qui conduit les banlieues de province à se révolter aussi. Quelles seraient alors pour vous les meilleures solutions en matière d'aménagement urbain ?
Eric Macé : D'abord, il n'y a pas de rapport entre l'urbanisme et les effets de ségrégation ou de relégation, puisque si l'on prend l'exemple américain ou anglais, les quartiers de relégation sont des quartiers pavillonnaires et qu'il n'y existe pratiquement pas de grands ensembles.
La question n'est pas à proprement parler une question d'urbanisme, elle est plus large : celle de rapports sociaux, d'exclusion, qui contribuent à enfermer des populations entières dans des sites urbains qui sont abandonnés par les politiques publiques.
On parle beaucoup de mixité, mais là il y a une illusion. La mixité veut dire en réalité déstructurer encore plus les quartiers populaires en chassant une partie de la population pour la remplacer éventuellement par des petites classes moyennes. Donc, au fond, la mixité conduit à radicaliser les tensions internes à ces quartiers.
Il vaudrait peut-être mieux prendre ces quartiers populaires pour ce qu'ils sont : une expérience sociale commune des difficultés de la vie, des ressources personnelles et collectives très importantes, mais qui sont toujours non reconnues, voire disqualifiées, par les aménageurs et par les représentants des classes moyennes que sont les élus. On a des exemples, en particulier aux Etats-Unis, de prise au sérieux de la capacité d'action des acteurs populaires qui conduit à de bien meilleurs résultats que l'imposition d'une mixité finalement désorganisatrice.
Chat do Le Monde
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2 comentários:
Atenção: o texto do Eric Macè tem tudo e saiu num jornal do " sistema", centro-esquerda. Analisa as manobras de tensão ( lembram-se da Itália dos anos 80?!?), o falhanço das políticas de enquadramento e,sobretudo,das receitas neo-liberais autoritárias e repressivas dos émulos franceses de Cavaco Silva: racismo mal disfarçado, escala( de não) de "valores" poluída pelo marketing mais sanguinário, total ausência de mediação cultural e social nos colossais dormitórios dos subúrbios Norte e Oeste de Paris, sobretudo. As fórmulas sugeridas por Eric Macè são magistrais e ficam no ouvido. Não tenhamos medo das citações, já que tudo é citação. " A organização revolucionária não pode ser senão a crítica unitária da sociedade,isto é,uma crítica que não pactua com nenhuma forma de poder separado, em nenhum ponto do Mundo, e uma crítica pronunciada globalmente contra todos os aspectos da vida social alienada"( Guy Debord,A Sociedade do Espectáculo). FAR
KADHAFI OFERECE APOIO A CHIRAC- Como sabem, aqui, na Alemanha, o " Le Canard Enchainé " chega um dia depois da sua saida normal em França. O " Canard " é uma espécie muito bem feita- vende mais de meio milhão e recusa qualquer tipo de publicidade- de" Gente", o semanário italiano, claro, ou de as colunas de " ditos e feitos " do "Washington Post" e do " Der Spiegel", por exemplo. Uma pequena equipe faz tremer o aparelho de Estado francês, quase todas as semanas. Por isso, sempre que há crise não se pode perder a sua leitura, ao Raio-X", como é evidente. E, entre muitas coisas interessantes e plenas de humor negro,o " Canard " cita um take da Agência France-Presse( um colosso mundial), assegurando que o coronel Kadhafi tinha telefonado a Chirac, a 6 do corrente, para lhe propôr auxílio face à violência gerada nos subúrbios de Paris." A partir de agora, a Líbia voa em socorro dos países do terceiro-mundo europeu...", comentava o semanário
mais nonchalante de França. FAR
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