Encore le téléphone: à chaque sonnerie, je décroche en hâte, je crois que c'est l'être aimé qui m'appelle (puisqu'il doit m'appeler); un effort de plus, et je «reconnais» sa voix, j'engage le dialogue, quitte à me retourner avec colère contre l'importun qui me réveille de mon délire. Au café, toute personne qui entre, sur la moindre vraisemblance de silhouette, est de la sorte, dans un premier mouvement, reconnue.
Et, longtemps après que la relation amoureuse s'est apaisée, je garde l'habitude d'halluciner l'être que j'ai aimé: parfois, je me angoisse encore d'un téléphone qui tarde, et, à chaque importun, je crois reconnaître la voix que j'amais: je suis un mutilé qui continue d'avoir mal à sa jambe amputée.
Barthes, Fragments d'un discours amoureux
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quinta-feira, 10 de julho de 2008
L'attente (je suis un mutilé qui continue d'avoir mal à sa jambe amputé)
quinta-feira, 3 de julho de 2008
L'attente (je suis celui qui attend)
«Suis-je amoureux? -- Oui, puisque j'attends.» L'autre, lui, n'attend jamais. Parfois, je veux jouer à celui qui n'attend pas; j'essaye de m'occuper ailleurs, d'arriver en retard; mais à ce jeu, je perds toujours: quoi que je fasse, je me retrouve désoeuvré, exact, voire en avance. L'identité fatale de l'amoureux n'est rien d'autre que: je suis celui qui attend.
Barthes, Fragments d'un discours amoureux
Barthes, Fragments d'un discours amoureux
quarta-feira, 2 de julho de 2008
L'attente (je viens de passer en une seconde de l'absence à la mort)
Il y a une scénographie de l'attente: je l'organize, je la manipule, je découpe um morceau de temps où je vais mimer la perte de l'objet aimé et provoquer tous les effets d'un petit deuil. Cela se joue comme une pièce de théatre.
Le décor représente l'intérieur d'un café; nous avons rendez-vous, j'attends. Dans le Prologue, seul acteur de la pièce (et pour cause), je constate, j'enregistre le retard de l'autre; ce retard n'est encore qu'une entité mathématique, computable (je regard mon montre plusiers fois); le Prologue finit sur un coup de tête: je décide de "me faire la de la bille", je déclanche l'angoisse d'ateente. Lacte I commence allors; il est occupé par des supputations: s'il y avait un malentendu sur l'heure, sur le lieu? J'essaye de me remémorer le moment oú le rendez-vous a été pris, les précisions qui ont été données. Que faire (angoisse de conduite)? Changer de café? Téléphoner? Mais si l'autre arrive pendant ces absences? Ne me voyant pas, il risque de repartir,etc. L'acte II est celui de la colère; j'adresse des reproches violents à l'absent: "Tou de même, il (elle) aurait bien pu...". "Il (elle) sait bient..." Ah! si elle (il) pouvait être lá, pour que je puisse lui reprocher de n'être lá, pour que je puisse lui reprocher de n'être pas lá! Dans l'acte III, j'atteins (j'obtiens?) l'angoisse toute pure: celle de l'abandon; je viens de passer en une seconde de l'absence à la mort; l'autre est comme mort:explosion de deuil: je suis intérieurment livide. Telle est la pièce; elle peut être écourtée par l'arrivé de l'autre; s'il arrive en I, l'accueil est calme; s'il arrive en II, il y a "scène"; s'il arrive en III, c'est la reconnnaissance, l'action de grâce: je respire largement, tell Pelléas sortant du souterrain et retrouvant la vie, l'odeur des roses
Barthes, Fragments d'un discours amoureux
Le décor représente l'intérieur d'un café; nous avons rendez-vous, j'attends. Dans le Prologue, seul acteur de la pièce (et pour cause), je constate, j'enregistre le retard de l'autre; ce retard n'est encore qu'une entité mathématique, computable (je regard mon montre plusiers fois); le Prologue finit sur un coup de tête: je décide de "me faire la de la bille", je déclanche l'angoisse d'ateente. Lacte I commence allors; il est occupé par des supputations: s'il y avait un malentendu sur l'heure, sur le lieu? J'essaye de me remémorer le moment oú le rendez-vous a été pris, les précisions qui ont été données. Que faire (angoisse de conduite)? Changer de café? Téléphoner? Mais si l'autre arrive pendant ces absences? Ne me voyant pas, il risque de repartir,etc. L'acte II est celui de la colère; j'adresse des reproches violents à l'absent: "Tou de même, il (elle) aurait bien pu...". "Il (elle) sait bient..." Ah! si elle (il) pouvait être lá, pour que je puisse lui reprocher de n'être lá, pour que je puisse lui reprocher de n'être pas lá! Dans l'acte III, j'atteins (j'obtiens?) l'angoisse toute pure: celle de l'abandon; je viens de passer en une seconde de l'absence à la mort; l'autre est comme mort:explosion de deuil: je suis intérieurment livide. Telle est la pièce; elle peut être écourtée par l'arrivé de l'autre; s'il arrive en I, l'accueil est calme; s'il arrive en II, il y a "scène"; s'il arrive en III, c'est la reconnnaissance, l'action de grâce: je respire largement, tell Pelléas sortant du souterrain et retrouvant la vie, l'odeur des roses
Barthes, Fragments d'un discours amoureux
segunda-feira, 30 de junho de 2008
La jalousie
"Comme jaloux, je souffre quatre fois: parce que je suis jaloux, parce que je me reproche de l'être, parce que je crains que ma jalousie ne blesse l'autre, parce que me laisse assujettir à une banalité: je souffre d'être exclu, d'être agressif, d'être fou et d'être commun."
Barthes, Fragments d'un discours amoureux
Leo Reisman 's Orch.- Jalousie (tango) 1925
Barthes, Fragments d'un discours amoureux
Leo Reisman 's Orch.- Jalousie (tango) 1925
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