Sucedem-se os números e edições especiais de livros, revistas e jornais sobre os 40 anos de Maio 68. Intensa polémica circula e todos os "chiens de garde" do sistema tentam minimizar ou deturpar o valor inovador do grande acontecimento. Só comparável à Revolução Francesa e à Comuna de Paris, quase dois séculos depois. Existe uma efectiva novidade e radicalismo no Maio 68 gaulês: a revolta saltou dos anfiteatros de Nanterre e da Sorbonne para as fábricas, provocando a maior Greve Geral do séc. XX. Os exemplos norte-americano e alemão parecem "casos menores " de sociologia estudantil comparados com a "explosão" social, cultural e política causada pelo Maio francês. Só os aprendizes de feiticeiro ou os lacaios do sistema despótico podem tentar lançar cortinas de fumo inconfessáveis sobre tão radical diferença e singularidade. Isso mesmo se pode ler neste diálogo entre dois historiadores da nova vaga, hoje dada à estampa no Libération, clicar aqui.
Se Pierre Encrevé destaca o "momento inacreditável de Maio 68, um grande mês de suspense, onde tudo parece mudado, suspenso", Fréderik Keck avança com a tese sobre as mutações teóricas e políticas criadas pelo fim da Guerra da Argélia em 1962. "Maio 68 é origináriamente uma reacção de revolta contra o autoritarismo politico longamente suportado. Os estudantes que militaram contra a Guerra da Argélia não esqueceram os argelinos deitados ao rio Sena, em 1961, nem os mortos perpetrados na estação de metro Charonne, em 1962” .
O artigo fala dos bloqueios sádicos da sociedade francesa, que Maio 68 estilhaçou. E destaca o papel inovador da teoria . No final da época de ouro do Existencialismo, começam a surgir os pensadores ensinados por Canguilhem, Koyré e Bachelard. O trabalho de sapa erguido a golpes de audácia por Foucault, Lacan e Althusser ou Claude Lévi-Strauss, começa a dar frutos para a "descontrução das legitimidades dominantes". Maio 68 é um grande momento de optimismo cultural e politico, frisa Encrevé.
« La peur est un terrible frein à la pensée…
P.E. : C’est un universel largement imposé, médiatiquement transmis en permanence. Il y a une construction systématique de la peur à l’appui d’un ordre social et politique international sans fondement éthique.
F.K. :Ce qui fait que l’héritage de Mai 68 est difficile à recevoir aujourd’hui, c’est la différence entre l’insouciance des étudiants de 1968 par rapport aux problèmes de la vie matérielle et la précarité des étudiants quarante ans après. Aujourd’hui, les étudiants se demandent surtout s’ils vont avoir assez d’argent à la fin du mois ou un emploi après leurs études. Dès lors, contester la société en général et s’enthousiasmer pour des discours politiques unifiants est plus difficile.
P.E. :Il y avait probablement plus de pauvres en 1968 qu’aujourd’hui. Les salaires des employés et ouvriers étaient extrêmement bas et les bourses étudiantes aussi maigres que rares. Pourtant, Mai 68 est un grand moment d’optimisme culturel et politique. Il y a une jubilation, en dépit de moments très violents. On expérimente la fraternité dans la liberté, avec l’espoir d’avancer vers l’égalité…
Vous me rappelez une réflexion de Mark Twain : «Ils l’ont fait parce qu’ils ne savaient pas que c’était impossible»…
P.E. :Et Max Weber : «Si on ne s’était pas toujours et encore attaqué à l’impossible, on n’aurait jamais atteint le possible». Une des réalités frappantes de 68, c’est le surgissement, pour un temps bref, du rêve d’un désordre juste… En 2008, dans la société française, il est interdit de ne pas interdire, dans tous les domaines. La politique judiciaire est de plus en plus répressive. Si Foucault voyait les prisons d’aujourd’hui, il n’en reviendrait pas. Sans compter l’incompréhensible violence faite aux travailleurs sans papiers, dont l’apport à l’économie est pourtant indispensable. Aujourd’hui, le monde entier expose un désordre profondément injuste, qui joue sur la peur pour se perpétuer. Je veux penser que cet universel peut se déconstruire. Que l’exigence de justice et le désir de liberté peuvent toujours ressurgir par surprise, que le volcan n’est pas éteint.
F.K. : L’université n’est plus le lieu auquel on peut s’attaquer pour faire surgir un désordre juste. C’est même un des seuls lieux où reste un semblant d’ordre dans une société régie par le désordre injuste. L’école et l’université reprennent la fonction remplie autrefois par l’Eglise, consistant à protéger des menaces du monde extérieur. Cela ne joue sans doute pas en faveur du savoir et de la transmission.
La révolution technologique actuelle a-t-elle pu contribuer à cette peur ? En quoi transforme-t-elle la transmission des savoirs ?
F.K. : Il faut se méfier de cette révolution technologique, car elle risque de détruire l’université au profit d’un savoir entièrement virtuel. J’en prends pour indice le fait qu’en préparation à l’éventualité d’une pandémie de grippe aviaire, tous les cours ont été enregistrés pour que les étudiants puissent les suivre chez eux. C’est très bien de garantir la continuité de l’enseignement, mais il me semble que cette université virtuelle réalise un des rêves de Mai 68 : un enseignement sans maître. C’est un rêve dangereux. Mai 68 montre que la relation maître-élève est nécessaire, même si elle est potentiellement oppressive, justement parce que, en tant que relation personnelle, elle ouvre la voie à la contestation. Il est plus facile de contester l’autorité d’un maître que celle d’un ordinateur.
P.E. :Quand j’étais étudiant, seul le professeur avait accès aux textes qui permettaient de fonder une parole magistrale. Il était difficile d’entrer dans la bibliothèque de la Sorbonne et interdit aux simples étudiants d’aller dans les rayons. A Paris, jusqu’à Vincennes, il n’y avait pas de bibliothèque universitaire en accès libre. Mais cette question est radicalement transformée par Internet, qui intervient désormais massivement dans la distribution des ressources qui fondent le savoir. S’instaure une vraie démocratisation de l’accès aux sources, mais sans la transmission personnelle typique du système d’enseignement, inséparable de l’autonomisation du sujet.
F.K.: L’autonomie, qui est un des buts de 68, n’est pas donnée, elle suppose des conditions sociales qui doivent être construites et soutenues.
P.E.: Mai 68, dans sa vivacité non repérable, résonne toujours comme un appel à ne pas renoncer à devenir sujet de son histoire, individuellement et collectivement. Mais le mode d’emploi est sans cesse à réinventer.» Libération
FAR